295 féminicides en 2013 :
toutes les trente heures, une femme est assassinée.
Par
Daniela Dicipio
Traduction
en français : Fanny Berlingen
Les
statistiques ont été publiées le 6 mars à la suite d’une enquête réalisée par
l’Observatoire des Féminicides en Argentine Adriana Marisel Zambrano*, pris en
charge par l’Association Civile La Casa del Encuentro (litt. La Maison de la
Rencontre) et présenté au Centre d’Information des Nations Unies pour
l’Argentine et l’Uruguay (CINU). L’enquête a été basée sur les publications de
120 journaux nationaux et provinciaux. Des statistiques qui font bouillir de
fureur car reflétant une réalité, bien qu’il soit évident que les chiffres
augmenteraient s’il existait des données officielles.
Ce n’est
pas la même chose de dire qu’une femme meurt, et qu’une femme est assassinée.
Les termes sont souvent mal utilisés. Le mot « féminicide » est un concept
politique : c’est la dénonciation de la banalisation que la société fait de la
violence sexiste, c’est l’une des formes les plus extrêmes de violence contre
les femmes, c’est un assassinat commis par un homme sur une femme qu’il considère
comme sa propriété. « Il est indispensable de voir la violence sexiste comme une
question politique, sociale, culturelle, et relative aux droits humains ; c’est
comme cela que la situation grave vécue par les femmes, les petites filles et
les petits garçons en Argentine pourra être vue comme une réalité collective
vis à vis de laquelle il faut réagir immédiatement », dénoncent Fabiana Tuñez
et Ada
Rico,
responsables de l’organisation.
Ada Rico
insiste : ces cas « ne sont pas que des chiffres, derrière chaque donnée il y a
une femme qui n’est pas morte accidentellement mais qui a été assassinée par
quelqu’un qui la considérait comme sa propriété. Derrière ces statistiques
froides, il y a des femmes qui ne sont plus, des enfants qui ont perdu leur
mère. Ce taux est malheureusement le plus haut en cinq ans, c’est pourquoi nous
vous en prions : s’il vous plait, continuons à travailler ensemble, hommes et
femmes, afin de changer cette réalité. »
La Casa
del Encuentro a proposé un projet de modification du code civil pour supprimer l’autorité
paternelle aux féminicides, afin que les enfants puissent avoir le droit de
choisir avec qui ils souhaitent vivre.
Il est
nécessaire que les médias commencent à relayer les informations en leur donnant
l’importance qu’il se doit, et non comme de simples faits divers.
Toutes les trente heures, une femme est assassinée :
c’est le taux le plus élevé de ces six dernières années.
- 295 féminicides en 2013
- 186 femmes assassinées par leur compagnon ou leur ex-compagnon
- 112 femmes avaient entre 19 et 30 ans
- 158 sont mortes chez elles
- 11 étaient enceintes
- 32 ont dénoncé leur assassin
- 14 des meurtriers étaient soumis à une ordonnance restrictive
- 83 femmes mortes par arme à feu, 64 poignardées, 37 sous les coups et 17 incinérées
- 405 enfants orphelins après l’assassinat de leur mère
- 30 féminicides liés entre eux
* Du nom d’une femme argentine assassinée en 2008 par son ex-compagnon, qui n’écopera que de 5 ans de prison pour homicide involontaire. (NDT)
Image : couverture du livre « Pour elles… 5 ans de
recherche sur les féminicides » par l’Observatoire des Féminicides en Argentine
Adriana Marisel Zambrano.
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