Le 20
septembre 2014, Emma Watson est montée à la tribune des Nations
Unies à New York pour prononcer un discours qui restera dans les
annales. La puissance, la véracité et la clarté de son message ont
permis de lancer la campagne HeForShe.
Le principe devrait être simple, mais la nécessité d’une telle
campagne est la preuve que non : l’objectif est de mobiliser
la moitié de la population planétaire dans la défense de l’autre,
de rassembler le maximum de garçons et d’hommes dans la
dénonciation de l’inégalité des sexes.
Vous
voulez savoir comment vous impliquer dans la campagne ? Voici le
kit
d'action de HeForShe, le mouvement de solidarité d’ONU
Femmes pour l’égalité des sexes !
Les réactions
au lancement de la campagne du discours de la jeune actrice
britannique, désormais Ambassadrice de Bonne Volonté d’ONU
Femmes, furent explosifs. Explosifs dans leur positivité, leur
interactivité, leur soutien. Le hashtag #HeForShe explosa les compteurs de Twitter.
Cependant, la mauvaise volonté et l’ignorance furent aussi
présents dans les réactions, que ce soit via le re-retour des
« Women Against Feminism » ou encore la pitoyable
tentative d’un hacker de « leaker » des photos
personnelles de l’actrice (#Fail). Face à l’incompréhension de
certains, le manque d’empathie d’autres, c’est ensuite un jeune
britannique de quinze ans qui est monté à la tribune, cette fois
par une lettre adressée au Sunday Telegraph ; la maturité de
ses propos est touchante, et donne espoir :
« Monsieur – J’ai regardé le discours d’Emma Watson à l’ONU et j’étais en accord avec tout ce qu’elle y a dit, c’est pourquoi je fus déçu par combien certains des autres garçons de ma classe (j’ai 15 ans et je suis élève à une école privée pour garçons) en étaient ignorants.
Nous avons la chance de vivre dans un pays occidental ou les femmes peuvent parler contre les stéréotypes. Le féminisme n’est pas la haine de l’homme ou la suprématie de la femme. C’est, par définition, le contraire. En vérité, c’est plutôt simple : si tu crois en l’égalité sociale, politique et économique des sexes, tu es féministe.
En utilisant des expressions telles que « viril » ou « chochotte », nous adhérons par inadvertance aux stéréotypes de genre. Nous jouons avec des jouets basés sur notre sexe, nous jouons différents sports en fonction de notre sexe, nous étudions souvent dans des écoles unisexes. Et pourtant il faut un certain effort pour que l’on reconnaisse l’existence de l’inégalité des sexes et de l’injustice que cela induit pour chacun des sexes.Si nous voulons l’égalité, il faudra plus faire plus d’efforts que de payer les femmes autant que les hommes, ou leur assurer des opportunités égales. Nous devons tous prendre part dans la transformation de notre langage. Nous devons cesser de se mettre la pression à nous-mêmes pour se conformer aux stéréotypes qui plus que souvent nous refoulent et nous laissent sans capacité de s’exprimer. Nous ne devons laisser notre sexe nous définir."
– Ed Holton
Sa lettre, à
l’origine intitulée « If we really want
equality » (« Si nous voulons vraiment l’Egalité »),
est en réalité plus longue, et dénonce l’utilisation des
adjectifs « féminin » et « masculin », car
engendrant une coupure trop importante entre les sexes. Très tôt il
y identifie le féminisme comme étant aussi le fait que la sexualité
d’une femme lui appartienne à elle seule, autant que celle d’un
homme lui appartienne à lui-même. En réponse à sa problématique,
que faire si nous souhaitons véritablement l’égalité, il demande
d’ignorer le sexe de l’individu, d’ignorer ses préférences
sexuelles, de ne donner aucune importance au fait qu’un individu ne
soit pas conforme aux stéréotypes, et surtout de ne pas chercher à
s’y conformer soi-même.
Le message
est aussi puissant, finalement, que celui d’Emma Watson, sa
sincérité palpable et son bon-sens fait consensus : le
Telegraph est le premier journal britannique de droite. C’est avec
plaisir et modestie qu’il a accepté de répondre aux questions de
l’Asso George Sand, voici la retranscription de l’interview :
Asso
George Sand : Premièrement, merci, je n’aurai jamais eu le
courage que vous avez, d’être aussi clair, concis et droit au but
sur un sujet aussi important à l’âge de 15 ans.
Pour commencer, pourriez-vous me dire
comment vous vous êtes identifié en tant que féministe?
Etait-ce une réalisation naturelle, une
pensée, philosophie qui a grandi avec vous, ou y-a-t’il
quelque-chose qui vous a lancé dans la réflexion féministe?
Ed Holton:
Merci beaucoup ! Je n’ai même pas pensé que quelqu’un lirait ma
lettre, alors la réaction a été vraiment époustouflante. Si j’y
réfléchis, j’ai grandi dans une famille égalitaire, alors l’idée
que les femmes ne devraient pas avoir les mêmes droits que les hommes, ou étaient vues de façon différente aux hommes, m’était
étrange, mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question
jusqu’à ce que je visionne un extrait du discours de Chimamanda
Ngozi Adichie “We Should All Be Feminists”. La chanson de Beyoncé“***Flawless”, puis le discours d’Emma Watson m’ont persuadé
qu’il était juste que les hommes et les femmes se battent pour le
féminisme.
AGS:
Diriez-vous que les modèles et célébrités de notre génération
sont aujourd’hui de plus en plus instrumentaux dans l’égalité
entre l’homme et la femme ? Y a-t-il des cas contraires, des
célébrités machistes ou antiféministes qui vous ont déjà
énervés ?
EH : Oui
bien sûr, internet et les réseaux sociaux permettent aujourd’hui
plus que jamais d’influencer les gens. Si je vois une personne
tenir des propos antiféministes, je n’essaierai pas à tout prix
de me lancer dans un débat houleux, dire à quelqu’un qu’il a
tout faux ne résout rien. Mais je pense qu’il est dommage que
tellement de personnes influentes considèrent toujours le féminisme
comme une forme de haine de l’homme.
AGS :
Vous dites dans votre lettre que vous étudiez dans une école privée
pour garçons et que vous avez été déçu par les réactions de
certains de vos camarades – de quelle façon ? Avez-vous pu y voir
une assimilation du féminisme à la haine de l’homme ?
EH: Je ne
visais personne en particulier. Je disais plutôt qu’il existe une
certaine ignorance envers l’égalité des genres lorsque l’on
étudie dans une école unisexe.
AGS:
Vous avez beaucoup parlé d’égalité des genres, de Gender
Equality, dans votre lettre. En France, cette expression est devenue
très polémique récemment. Dans votre lettre, pourtant, nous pouvons
voir que vous croyez l’égalité des genres nécessaire, même
indispensable, cruciale, dans notre société. Diriez-vous que
certaines mesures éducatives devraient être mises en place pour y
promouvoir l’égalité des genres ?
EH:
Premièrement, il me semble important de noter que certaines matières
ne sont pas proposées habituellement aux deux sexes. Même si cela ne
serait pas populaire au début, je pense qu’il est important de
laisser chacun choisir sa voie. Cependant, je demeure largement
sous-qualifié pour proposer des politiques éducatives quant à la
promotion de l’égalité des genres.
AGS:
Vous remarquez que certaines matières ne sont pas proposées aux
filles comme aux garçons – pourriez-vous me donner quelques
exemples?
EH: Le sport,
par exemple: le netball pour les garçons, le rugby pour les filles.
Dans beaucoup d’écoles, les cours de technologies alimentaires ne
sont pas offertes aux garçons, pourtant filles et garçons doivent
apprendre à s’occuper d’eux-mêmes, car ce n’est ni le
féminisme ni le sexisme qui t’aideront quand tu auras faim.
AGS:
Donc vous dites que l’indépendance, le droit de choisir son propre
chemin à suivre, est essentiel. Cela me semble une description adéquate du féminisme et de l’égalité des genres!
EH :
Oui, exactement.
PSA
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